L’urgence d’un nouveau regard


Depuis un certain temps, je constate une montée inquiétante des diagnostics de troubles de l’attention et d’hyperactivité (TDAH) dans mes écoles. J’ai appris avec stupéfaction que ces diagnostics sont posés de manière hâtive, sans prendre en compte tous les éléments pouvant influencer le comportement d’un enfant. Dans ce blog, je vous partage les raisons derrière cette tendance au surdiagnostic partagé par Dre Céline Lamy et je partage mes apprentissages sur l’importance de réviser notre approche afin de mieux appréhender les besoins spécifiques des enfants.


Apparemment, la composition des enfants fréquentant les cabinets de pédopsychiatrie a nettement évolué. Selon Dre Céline Lamy, la clientèle se composait principalement de jeunes souffrant de symptômes graves tels que la psychose et la dépression sévère. Cependant, de nos jours, elle nous explique qu’elle est confronté à des enfants présentant des symptômes moins sévères tels que l’agitation, l’hyperactivité et un manque d’attention. Cette mutation de profil suscite des interrogations chez Céline, quant aux raisons de ce changement. Voici son questionnement: Sommes-nous en train de redéfinir excessivement nos catégories, à tel point que tout comportement enfantin est désormais étiqueté comme un trouble psychiatrique ? Cette question est au cœur du travail du Dr. Céline, qui met en doute la précipitation avec laquelle nous posons le diagnostic de TDAH chez les enfants.


Lorsqu’on nous présente des enfants avec un diagnostic de TDAH, se pose la question de l’exactitude de ce diagnostic. Une étude récente menée au Québec a révélé qu’un tiers des 800 000 enfants diagnostiqués étaient en réalité mal diagnostiqués et que leur comportement était simplement dû à de l’immaturité. Ces chiffres sont alarmants et remettent en question notre approche actuelle du diagnostic chez les enfants.


Dans son ouvrage, Céline souligne que la responsabilité du surdiagnostic ne peut être imputée à une seule partie. Les parents, les médecins et l’école jouent tous un rôle dans le processus de diagnostic et partagent une part de responsabilité. Les parents peuvent solliciter un diagnostic sur la suggestion de l’école, et cette dernière peut à son tour demander un diagnostic parce que les parents s’inquiètent du comportement de leur enfant. Il est primordial de reconnaître que tous ces acteurs sont influencés par un système plus vaste qui définit ce qu’est un enfant « normal » dans notre société. J’ai appris que ce système impose des normes strictes aux enfants, les poussant à se conformer à des schémas de comportement spécifiques. Cette pression du système influence notre perception et nos diagnostics des enfants.


Face à cette tendance à la surdiagnostic, il est impératif, selon elle, de revoir notre approche afin de mieux comprendre les véritables besoins des enfants. Plutôt que de précipiter la prescription de médicaments pour calmer un enfant agité, il est essentiel de prendre le temps d’effectuer une évaluation approfondie et de considérer tous les facteurs influençant son comportement. Le Dr. Céline suggère dans son ouvrage que de nombreux enfants se voient initialement diagnostiquer un TDAH simplement parce que c’est le premier diagnostic envisagé. Il est temps de remettre en question nos classifications et de nous demander s’il y a des aspects de la complexité de l’enfance que nous n’avons pas encore saisis.


Céline m’a appris que la résolution de ce problème ne repose pas uniquement sur les épaules des parents, des médecins ou des enseignants. Nous avons tous la responsabilité de guider les enfants et de les soutenir dans leur développement. Il est indispensable de favoriser un dialogue ouvert et constructif entre les différents intervenants de la vie de l’enfant, y compris les parents, les enseignants et les professionnels de la santé. Ensemble, nous devons travailler à comprendre les besoins spécifiques de chaque enfant et à trouver des solutions adaptées à leur situation.


J’ai appris que le surdiagnostic chez les enfants est un problème croissant qui nécessite une réflexion approfondie et une remise en question de nos pratiques actuelles. Je crois aussi qu’il est crucial de prendre en compte tous les facteurs pouvant influencer le comportement des enfants et de collaborer pour mieux comprendre leurs besoins réels. Il est temps d’adopter une approche plus holistique de la santé mentale des enfants, en tenant compte de leur environnement familial, de leurs relations sociales et de leurs besoins individuels. En travaillant ensemble, nous pouvons aider les enfants à se développer de manière saine et équilibrée, en leur fournissant les outils nécessaires pour réussir dans la vie.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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