À chacun ses luttes.

Un regard compatissant sur les luttes des enseignants et élèves en leadership de classe.

En éducation, il est facile de se concentrer sur les objectifs académiques, les normes à atteindre, les compétences à développer et les performances à évaluer. Pourtant, au-delà des cahiers d’exercices et des examens, une réalité souvent ignorée persiste : les luttes internes que chacun porte en silence. En tant qu’enseignant, tout comme mes élèves et mes parents d’élèves, je vis des défis qui, bien qu’invisibles aux yeux des autres, influencent mon quotidien, mon état d’esprit et ma capacité à interagir avec le monde qui m’entoure. Si c’est ainsi pour moi, il en va certainement de même pour mes jeunes.

Perçu comme une figure d’autorité et de stabilité, je n’en suis pas moins un être humain avec mes propres luttes. Je dois jongler avec les exigences du programme ministériel, la gestion de classe, et les attentes des parents tout en affrontant mes propres défis personnels. Qu’il s’agisse de difficultés financières, de problèmes de santé mentale ou de responsabilités familiales, ces fardeaux peuvent peser lourd sur mes épaules. Pourtant, par professionnalisme ou par devoir, ces luttes restent souvent dissimulées, cachées derrière un sourire ou un geste d’encouragement.

Reconnaître cette réalité, c’est comprendre que chaque enseignant n’est pas seulement un guide académique, mais aussi un individu en quête d’équilibre. Il est donc essentiel d’adopter une approche plus empathique et de créer un environnement où le soutien entre collègues devient une norme, un pilier de notre profession.

Du côté des élèves, le parcours scolaire est souvent jalonné de défis personnels. Que ce soit l’anxiété liée à la performance, les dynamiques sociales complexes ou les problèmes familiaux, ces luttes peuvent être paralysantes. Pour ceux qui aspirent à des rôles de leadership en classe, le poids de ces responsabilités peut s’ajouter à leurs angoisses, créant un cocktail émotionnel difficile à gérer.

Je crois fermement que le leadership de classe ne doit pas être une pression supplémentaire, mais plutôt une opportunité pour les élèves de développer leur résilience, leur empathie et leur capacité à travailler en équipe. Il est alors crucial que les enseignants reconnaissent les luttes de leurs élèves et les accompagnent dans ce processus de manière bienveillante. Encourager l’écoute active, valoriser les efforts plutôt que les résultats, et offrir un espace où l’erreur est perçue comme une opportunité d’apprentissage sont autant de pratiques qui peuvent véritablement faire une différence. Oui, l’échec doit être valorisé, car ce n’est qu’un pas de plus vers la réussite.

Pour naviguer dans ces luttes dites silencieuses, il est primordial de cultiver une culture de compassion au sein des écoles. Cela signifie se rappeler que chacun, qu’il s’agisse de parents, d’enseignants, de psychologues, d’éducateurs, de directions ou d’élèves, vit une réalité complexe, souvent différente voire inconnue des autres. Un simple sourire, une parole encourageante, ou un moment d’écoute peut alléger un fardeau invisible. D’où l’importance cruciale de l’empathie.

En tant qu’éducateurs, nous avons l’opportunité de modeler cette compassion. En montrant de la vulnérabilité, en partageant nos propres défis (dans des limites appropriées), et en créant un espace où les luttes peuvent être reconnues et discutées, nous contribuons à humaniser l’expérience éducative. Cela aide non seulement à renforcer la communauté, mais aussi à préparer les élèves à affronter les défis de la vie avec une meilleure compréhension d’eux-mêmes et des autres.

Le leadership en classe, est une chance d’apprendre à se soutenir mutuellement dans nos luttes respectives. En adoptant une approche plus compatissante, nous créons un environnement où chacun peut se sentir valorisé et compris. Car au final, reconnaître les luttes de chacun, c’est faire un pas vers une éducation plus humaine et inclusive. C’est aussi, à mon avis, une opportunité de poser des bases d’une éducation durable.