Oui, je suis mal à l’aise. Alors que certains de ces mouvements cherchent à mettre en lumière des défis propres aux hommes (il y en a), le masculinisme tend souvent à promouvoir des visions qui perpétuent des idées réductrices sur les rôles de genre, divisant au lieu de rapprocher. Cette dynamique, bien que « parfois » bien intentionnée, peut rendre les discussions sur les enjeux masculins conflictuelles et envenimer un dialogue qui pourrait pourtant être nourrissant entre les sexes.
Il est vrai que les hommes aussi font face à des difficultés bien réelles : de la santé mentale aux attentes de performance sociale, en passant par certaines inégalités juridiques sans oublier certaines discrimination positives à l’atteinte à l’emploi. Toutefois, le masculinisme, de ce que je comprends, place ces défis en opposition à ceux des femmes, ce qui peut desservir la cause de l’égalité ou de l’équité. Plutôt que de se concentrer sur le dialogue ou sur une meilleure compréhension mutuelle, certains courants masculinistes utilisent une rhétorique de confrontation, qui tend à raviver des divisions et à projeter l’idée que l’égalité des sexes serait une bataille à somme nulle.
Certaines formes de masculinisme prônent aussi une vision traditionnelle des rôles de genre, encourageant une version déconnectée de la masculinité et parfois peu en phase avec les réalités modernes. Cette approche ne prend pas en compte les bienfaits de l’évolution sociale, qui a permis d’ouvrir des espaces d’expression et d’émancipation, autant pour les hommes que pour les femmes. Elle passe aussi à côté des nombreux avantages que ces avancées ont apportés, comme un partage plus équilibré des responsabilités familiales et une meilleure économie dans notre pays.
La comparaison entre les luttes masculines modernes et les combats historiques des femmes pour leurs droits peut également contribuer au malaise. Cette juxtaposition néglige les contextes historiques des luttes féministes, qui visaient des droits fondamentaux tels que le droit de vote ou, toujours un enjeu, l’égalité salariale. En comparant ces réalités, le masculinisme tend à minimiser l’ampleur des enjeux vécus par les femmes et de donner l’impression que l’égalité serait déjà atteinte ou que les hommes seraient « désavantagés ».
Est-il possible d’aborder les enjeux masculins de manière inclusive, sans accentuer ces oppositions? La santé mentale, l’éducation des garçons et la redéfinition de la masculinité peuvent être des sujets abordés dans un esprit d’ouverture et de coopération. Plutôt que de s’enfermer dans un discours de division, il serait plus constructif de créer un espace où chaque difficulté, chaque défi de genre peut être entendu, compris et traité avec équité. Oui! On est rendu là!
En fin de compte, mon inconfort autour du masculinisme se traduit par besoin de trouver un équilibre plus nuancé, qui dépasse ces luttes de pouvoir entre les sexes. Ce malaise n’est pas un rejet des défis que les hommes peuvent rencontrer, mais un appel à une égalité véritablement inclusive. En ouvrant un dialogue où l’égalité ne signifie pas la victoire d’un sexe sur l’autre, nous avons la possibilité de bâtir un avenir où chacun, indépendamment de son genre, se sent reconnu et valorisé. Nous sommes au 21e siècle? So « F&%*#%@ » be it!