Le système scolaire québécois est souvent critiqué pour ses inégalités, et pour cause: il fonctionne à trois vitesses. D’un côté, les écoles privées subventionnées sélectionnent leurs élèves tout en recevant des fonds publics. De l’autre, certaines écoles publiques imposent elles aussi des critères d’admission stricts. Et au centre de tout cela? Nous avons les écoles de quartier accueillant la majorité des élèves, avec des ressources plus limitées et des défis plus grands.
Face à cette réalité, Stéphane Vigneault, coordonnateur d’École Ensemble, propose une solution audacieuse: un réseau scolaire commun. Son objectif? Offrir à tous les élèves une éducation de qualité, sans barrière financière ni sélection élitiste.
L’histoire de Stéphane Vigneault dans cette lutte commence comme celle de nombreux parents: avec l’entrée de sa fille à l’école de son quartier. À première vue, tout semblait aller pour le mieux. Mais lorsqu’il a entendu parler d’un examen permettant d’accéder à une « meilleure » école, il a senti un malaise. Ce système de sélection risquait d’appauvrir la diversité de l’école locale et d’en affaiblir la vitalité
Rapidement, il a compris que ce phénomène dépassait largement son quartier. Il a rassemblé d’autres parents, et ensemble, ils ont publié une lettre dans un journal intitulée Pour en finir avec la sélection scolaire. La réaction a été forte: de nombreuses familles partageaient les mêmes inquiétudes.
En approfondissant ses recherches, Stéphane a pris conscience que cette sélection scolaire n’était pas qu’un simple choix parental: c’était un problème de structure. Le Québec fonctionne avec un système à trois vitesses qui favorise la division plutôt que l’inclusion. Les écoles privées subventionnées reçoivent des fonds publics, mais sélectionnent leurs élèves, ce qui accentue les inégalités. Les écoles publiques sélectives attirent les élèves performants, tandis que les écoles publiques ordinaires doivent composer avec des ressources plus limitées et des défis plus grands.
Ce système a des conséquences bien réelles. Il creuse les écarts entre les élèves et renforce un cycle d’exclusion qui se perpétue de génération en génération. Les écoles publiques ordinaires accueillent souvent les élèves les plus vulnérables, ceux qui auraient besoin de plus de soutien. Pourtant, ce sont elles qui reçoivent le moins de ressources. Les enseignants y font face à des classes plus exigeantes, un stress accru et un sentiment d’impuissance grandissant.
Pour Stéphane Vigneault et École Ensemble, il est temps de repenser le modèle éducatif québécois. Le plan pour un réseau scolaire commun, lancé en 2021, repose sur trois principes : un bassin scolaire accessible à tous, une éducation gratuite et la liberté de choix sans sélection. L’idée est simple mais ambitieuse : intégrer les écoles privées au réseau public en mettant fin à leur capacité de sélectionner leurs élèves.
Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans cette transformation. S’informer, s’engager et unir leurs voix pour réclamer un système éducatif plus juste est une étape cruciale. Trop souvent, la responsabilité est placée sur les épaules des familles, les forçant à « choisir » la meilleure option pour leur enfant dans un système inégalitaire. Or, l’éducation ne devrait pas être une affaire de compétition, mais un droit accessible à tous.
Le chemin vers un réseau scolaire commun est semé d’embûches, mais les initiatives comme celle d’École Ensemble montrent que le changement est possible. Il ne s’agit pas d’un combat contre l’excellence, mais d’une lutte pour que chaque enfant puisse bénéficier des mêmes chances, peu importe son milieu d’origine. L’équité et la qualité ne sont pas incompatibles, bien au contraire. C’est en repensant notre vision de l’éducation ou en revenant à nos anciennes valeurs, que nous pourrons bâtir un avenir plus inclusif et plus prometteur pour tous.
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