Comment motiver vos élèves?

Si vous croyez pouvoir contrôler la motivation de vos élèves, oubliez ça! Pendant longtemps, j’ai cru que je pouvais décider pour eux, que je pouvais insuffler la passion et le désir d’apprendre par ma seule volonté. Mais la motivation ne se dicte pas. Elle ne se force pas.

En revanche, ce que nous pouvons maîtriser, c’est notre regard sur nos élèves et sur l’éducation. Nous pouvons choisir de voir en eux des êtres en construction, avec leurs forces, leurs fragilités et leur propre rythme d’apprentissage. Nous pouvons aussi travailler sur nous-mêmes : améliorer notre écoute, notre disponibilité, notre capacité à accueillir ce qui est, plutôt que de vouloir forcer ce qui n’est pas.

Une des plus grandes découvertes que j’ai faites ces dernières années, c’est l’importance du laisser-aller. Non pas dans le sens de l’abandon, mais dans celui du détachement. Accepter que je ne peux pas tout maîtriser. Me concentrer sur la connexion avec mes élèves, plutôt que sur le résultat immédiat. Faire confiance au processus.

Réaliser cela m’a permis d’influencer mes Padawans d’une manière bien plus profonde que toutes mes tentatives précédentes. Ils ressentent quand on les voit vraiment, quand on les accueille avec leurs forces et leurs doutes. Ils répondent à la sincérité, à l’authenticité.

Peut-être que mon parcours scolaire difficile en tant qu’élève m’a aidé à comprendre cela. J’ai repris ma deuxième année du primaire, j’ai manqué mes mathématiques de secondaire deux, j’ai coulé des cours au cégep et un cours à l’université. Pendant longtemps, j’ai cru que ces échecs me définissaient. Aujourd’hui, je les vois plutôt comme les étapes de mon apprentissage, celles qui m’ont mené à devenir l’enseignant que je suis.

Une chose est certaine : j’étais toujours plus motivé avec un professeur qui croyait en moi qu’avec un enseignant dont je n’avais pas de connexion positive. L’impact d’un regard bienveillant est immense. Je me souviens de ces enseignants qui prenaient le temps de me parler, qui m’encourageaient même lorsque je doutais de moi. Leur confiance en mes capacités me donnait envie d’essayer, de persévérer, même dans les matières où je peinais. À l’inverse, face à un enseignant qui ne voyait en moi qu’un élève en difficulté, je perdais toute envie d’apprendre. Je me sentais défini par mes échecs, et non par mon potentiel.

Aujourd’hui, en tant qu’enseignant, je réalise que chaque mot, chaque regard, chaque geste compte. Un élève qui sent qu’il a de la valeur, qu’il est compris et soutenu, est un élève qui peut développer sa propre motivation. Nous ne pouvons pas tout contrôler, mais nous pouvons choisir d’être cette personne qui croit en eux, qui leur tend la main et leur permet de se voir autrement.

C’est d’ailleurs ce que j’ai observé avec une simple activité en classe : les Monsieur Patate. Ce jouet, qui peut sembler anodin, est devenu un moteur de motivation incroyable pour mes élèves. Il leur permet de s’exprimer, de créer, de collaborer, mais surtout, de se sentir vus et valorisés. Chaque fois qu’ils construisent leur propre personnage, ils s’investissent, s’amusent et, sans s’en rendre compte, développent des compétences essentielles. Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Les élèves vont encore plus loin : ils inventent des récits, créent des bandes dessinées et enregistrent même des audiobooks mettant en scène leurs créations.

Ce n’est pas le jouet en soi qui motive, mais l’environnement bienveillant dans lequel il est intégré. Les élèves savent que leur créativité est reconnue, que leur plaisir d’apprendre est respecté, et cela change tout.

J’aurais dû comprendre cela il y a 20 ans. Mais je ne m’en veux pas. Chaque chose vient en son temps. L’enseignement est une quête perpétuelle, et j’ai encore tant à apprendre.