Clic École: Piger dans le sac à bonbons?

Il y a des annonces ministérielles qui, à première vue, semblent tomber sous le sens. Moderniser l’application Mozaïk Parents? Pourquoi pas. Permettre aux familles de déclarer une absence, consulter un bulletin ou recevoir des communications scolaires de façon simplifiée? Parfait. Mais en cherchant plus loin, quand j’ai vu passer l’annonce du ministre Drainville concernant la nouvelle application Clic École, c’est le chiffre qui m’a accroché : 4,5 millions de dollars.

Qu’on soit enseignant, parent ou simple citoyen, il y a de quoi lever un sourcil. On parle ici d’un outil qui, dans les faits, reprend des fonctions déjà disponibles, avec une couche de modernisation. Le besoin existe, certes. Mais à ce prix-là?

Mon malaise ne se limite pas à l’application elle-même. Il touche à une culture qui semble bien ancrée: celle de piger dans le sac à bonbons des fonds publics dès qu’on veut faire briller un projet. Et l’éducation ne fait pas exception.

Souvenons-nous du lancement de SAAQclic, aujourd’hui sous enquête, qui a dérapé jusqu’à atteindre le milliard de dollars. Je crois qu’à force de projets numériques surfacturés, on finit par banaliser ces montants. Un million ici, quatre millions là et quelques millions pour les Kings quelques millions pour les batteries. Pendant ce temps, sur le terrain, les classes débordent, les écoles attendent des rénovations urgentes, les profs croulent sous les tâches non pédagogiques, et les élèves vulnérables attendent un suivi qui ne vient pas.

Je ne suis pas contre le progrès technologique en éducation. Au contraire. Mais j’ai de plus en plus de mal à accepter qu’on puisse sortir 4,5 millions $ pour un projet d’application, pendant qu’on demande à nos écoles de se débrouiller avec des bouts de ficelle.

Ce n’est pas le progrès que je questionne. C’est la priorité qu’on lui donne, le prix qu’on est prêt à payer, et la transparence qui l’entoure.

Peut-être qu’il est temps qu’on regarde autrement la façon dont on investit en éducation. Pas en se lançant tête baissée dans des projets numériques tape-à-l’œil, mais en se demandant: Est-ce que cet argent va là où il fera vraiment une différence?

Ce ne sont pas les applications qui changent le cours d’une vie. Ce sont les humains qui la traversent.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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