Un enfant qui se sent compris devient un élève qui peut apprendre

« Est-ce que j’ai le droit d’être fébrile ET excité comme un enfant la veille de la rentrée ? »

Imaginez un jeune Padawan qui entre en formation: sans la force pour le guider, il risque de patauger dans ses premiers essais. De la même façon, un enfant qui ne se sent pas compris peut vite se refermer, construire des murs invisibles et passer à côté de son propre potentiel.

Cette phrase, je l’ai prononcée vendredi dernier, juste avant de présenter à plus de 200 enseignant(e)s mon approche sur la réussite des garçons, en compagnie de l’équipe passionnée de Créativité Québec. Et si je ressens autant d’émotions, c’est parce que, depuis 21 ans, je me bats pour qu’à l’école, chaque enfant se sente d’abord accueilli… avant même d’être évalué.

Je crois que l’écoute active devient une clé précieuse. Prendre le temps de poser des questions ouvertes plutôt que de punir le silence, valider les émotions avant de corriger les comportements, reformuler ce que l’enfant dit avec un simple « Si je comprends bien, tu… »: autant de gestes simples qui envoient un message fort:

 « Je t’entends. Tu comptes. Tu es légitime ici. »

Trop souvent, on croit qu’il suffit d’apporter des contenus riches pour susciter la motivation. Or, rien ne remplace la sécurité affective. Quand un enfant sent qu’il peut se tromper sans risquer le jugement, il ose, il expérimente, il apprend. Créer un climat de bienveillance, c’est offrir à chacun une place à la table.

Dans ma classe, j’encourage des routines de partage: chaque lundi, un petit « tour de micro » où les élèves expriment une attente ou une fierté. J’installe aussi des « zones sans erreur », des moments où l’objectif n’est pas de réussir, mais de découvrir. J’encourage le travail en duo, notamment pour la lecture, avec des pictogrammes comme guide : TitreImageMots connusCognates, et le fameux Make a picto pour illustrer chaque paragraphe.

Mon sujet de prédilection, c’est la réussite des jeunes qu’on étiquette de cancres. Souvent plus prompts à décorer leurs cahiers de griffonnages que de mots bien rangés, ils cachent, derrière ces traits de crayon, une histoire. Un besoin de reconnaissance. Un talent qui attend d’être canalisé.

Pour les rejoindre, je passe par le jeu, le mouvement, l’humour. Je propose des défis physiques avant une leçon, je relie une règle de grammaire à une anecdote tirée d’un film de superhéros, ou je confie à un élève la mission de résumer l’activité du jour. Chaque geste, chaque sourire, chaque regard complice est une brique posée à l’édifice de la confiance.

Et on n’a pas besoin d’attendre une réforme ou une nouvelle directive pour agir. Dès demain, on peut réserver cinq minutes en début de classe pour un tour de parole : « Comment va-t-on aujourd’hui ? » On peut choisir de commencer nos retours avec « J’ai aimé… », pour pointer les forces avant les erreurs. Et on peut, nous aussi, montrer notre humanité : partager une anecdote d’erreur personnelle, aussi simple qu’un moment d’égarement dans un corridor, pour rappeler que se tromper, ça arrive à tout le monde.

Parce qu’un élève qui se sent compris… devient un élève qui peut apprendre.
Parce qu’un enfant accueilli dans sa singularité… devient un citoyen prêt à transformer le monde.

Je suis fier (et encore un peu fébrile) de porter ce message auprès des enseignant(e)s, et de bâtir, ensemble, une école où chaque enfant trouve sa place.

Alors, à vous de jouer :
quelle petite action poserez-vous demain pour qu’un élève de votre classe se sente, enfin… compris ?

May The Pedagogic Force Be With You.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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