Je viens de terminer ce que je considère comme ma plus belle année scolaire en 21 ans d’enseignement. Et non, ce n’est pas parce que mes élèves étaient parfaits ou que tout s’est déroulé sans accroc. C’est plutôt parce que, cette année, j’ai enfin lâché prise.

J’ai compris que je suis le baromètre de ma classe. Mon humeur, mon calme, ma capacité à accueillir ce qui vient, influencent directement l’énergie du groupe. Quand je suis crispé, mes élèves le deviennent aussi. Quand je veux tout contrôler, ils me le font sentir. Mais quand je respire, que je fais confiance, que j’accepte que certaines choses échappent à ma volonté, l’ambiance change du tout au tout.
Et cette année, quelque chose d’autre a profondément contribué à ce changement : ma santé physique. J’ai bougé. Marché. Pris soin de mon corps comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps. Et ça a tout débloqué. Plus d’énergie, plus de clarté, plus de patience. On oublie trop souvent que les enseignants sont des athlètes du quotidien.Les athlètes olympiques se préparent mentalement et physiquement. Les Prof aussi?
Non! Ce n’est pas de la passivité. Ce n’est pas dire oui à tout. C’est simplement choisir mes batailles. Accepter que je ne peux pas tout porter, tout corriger, tout régler. Cette année, j’ai mis de côté la pression du « top bottom » sur la performance, la perfection, sur des plans trop rigides. J’ai choisi de mettre mon énergie ailleurs: dans le regard, dans l’écoute, dans la reconnaissance des petits gestes, dans la confiance envers ce qui émerge naturellement dans une classe vivante et j’ai surtout trouvé le temps de connecter avec mes jeunes.
Et devinez quoi? Ça a fonctionné. Les élèves se sont ouverts, certains se sont même apaisés. J’ai senti plus de légèreté, plus de sourires, plus de moments vrais. J’ai eu moins de conflits, plus de plaisir, et paradoxalement…plus de progrès aussi. Ce n’était pas magique. C’était enthousiasmant humain.
Pour être franc, je ne dis pas que tout était parfait. Mais j’ai senti quelque chose de précieux: cette année, je n’ai pas été seulement un enseignant. J’ai été un humain, pleinement présent, avec eux. Et ça, c’est peut-être le plus beau cadeau qu’on peut leur offrir.
À ceux qui enseignent avec le cœur plein et les bras parfois fatigués: ne sous-estimez jamais la puissance d’un adulte qui choisit la paix, même dans le chaos…si vous voyez ce que je veux dire.
— Frédéric Jean
Enseignant, podcasteur et éternel apprenant du lâcher prise