Et si on commençait à valoriser davantage la démocratie dans nos classes?

Ces dernières semaines, j’ai vécu une expérience hors du commun. J’ai accompagné un candidat à la mairie jusqu’aux élections. Ayant pleinement vécu l’expérience, je sois avouer une chose: le processus démocratique m’inquiète.

Dans mon milieu, le taux de participation à l’élection municipale n’a pas été au rendez-vous. Ce n’est pas un simple chiffre: c’est un baromètre du lien entre les citoyens et leur pouvoir d’agir. Et ce lien, il commence souvent bien avant d’avoir le droit de vote. En y réfléchissant bien, je crois qu’il doit commencer à l’école.

Je ne vous apprends rien, nos élèves observent, questionnent et imitent. Quand ils voient des adultes qui s’expriment, débattent avec respect et s’impliquent dans leur milieu, ils comprennent que la démocratie n’est pas qu’un concept, mais une manière de vivre ensemble.

Quand ils voient l’inverse, le cynisme, l’abstention, le désintérêt, ils apprennent que “ça ne sert à rien”. Et cette leçon-là, elle laisse des traces à long terme. Mais quel est notre rôle à nous?

Je crois que nous avons ce devoir d’être ces premiers modèles. Chaque fois qu’un élève lève la main, qu’il partage son opinion, qu’on l’écoute sans le juger, la démocratie prend racine.

Chaque fois qu’on construit un projet collectif, qu’on prend une décision en groupe, qu’on explique le pourquoi derrière une règle, on enseigne bien plus qu’une matière: on enseigne le vivre-ensemble.

Nos classes peuvent devenir des laboratoires citoyens.
On peut y parler de justice, de choix collectifs, de droits, de responsabilité. On peut y apprendre que voter, ce n’est pas seulement glisser un papier dans une urne: c’est se prononcer pour un monde qu’on veut meilleur. Les enseignants ont ce pouvoir discret mais immense: rallumer la conversation à la table familiale.
Quand un élève rentre à la maison en demandant: « Maman, papa, pourquoi c’est important de voter? » c’est déjà une victoire démocratique.

On ne changera pas le taux de participation d’une élection en un jour.
Mais on peut semer des graines de curiosité, de dialogue et de conscience citoyenne. Ces graines-là, ce sont nos élèves qui les porteront plus loin.

Enseigner la démocratie, c’est croire encore au nous

Les temps changent. Les algorithmes polarisent, les opinions s’enflamment, la confiance s’érode. Et si la démocratie avait besoin de retrouver la chaleur du regard humain? Dans nos classes, dans nos écoles, dans nos discussions de corridor?

Alors oui, le taux de participation m’inquiète. Mais je crois encore en cette arme de construction massive qu’on appelle l’éducation. Parce qu’à chaque fois qu’un enfant comprend qu’il peut faire une différence, la démocratie reprend vie un élève à la fois, un parent à la fois, une classe à la fois.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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