Préférez-vous la gestion ou relation de classe? Notre classe est-elle dans un univers polarisant ou inclusif?

Il y a des sujets en éducation qui divisent, et celui-ci en fait clairement partie. Parler de gestion de classe versus relation de classe, c’est toucher à nos pratiques, à nos croyances, à nos blessures et parfois même à notre identité professionnelle. Ce thème est polarisant parce qu’il vient bousculer ce que plusieurs ont appris, ce que d’autres ont vécu, cru comme une vérité immuable et ce que tous tentent de faire du mieux qu’ils peuvent. Pourtant, si on n’en parle pas, on finit par reproduire ce qui nous a blessés ou limités.

Dans mon parcours comme enseignant, pédagogue, podcasteur et formateur, j’ai souvent observé ce choc entre deux univers polarisant. D’un côté, la gestion de classe: peut-être vue une sorte d’illusion de contrôle absolu qui semble parfois nécessaire pour éviter le chaos. Bien sûr, on ne peut pas enseigner dans un environnement où tout est en désordre. Mais lorsque cette gestion dans sa Visio la plus lourde et autoritaire devient notre seul outil, elle se transforme peu à peu en une lutte de pouvoir. On réagit au comportement plutôt qu’à l’intention. On corrige plus vite qu’on ne comprend. On finit par imposer sans connecter. Dans cette dynamique, l’enseignant manie son sabre laser comme un guerrier qui croit devoir maintenir l’ordre à tout prix, et l’élève qui résiste devient alors une menace à neutraliser. Les risques associés est que nos interventions peuvent être mal ciblés.

Et puis, il y a l’autre univers: celui de la relation de classe. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est ni du laxisme ni une absence de cadre, mais une force plus subtile, plus exigeante, souvent plus courageuse. C’est cette attitude où l’on reconnaît qu’un élève difficile n’est jamais un ennemi, mais un Padawan blessé qui teste les limites pour vérifier si quelqu’un va rester. C’est comprendre qu’un jeune peut provoquer, se fermer ou s’agiter simplement pour voir si la lumière qu’on lui propose est plus forte que la tempête dans laquelle il se trouve. Dans ce monde-là, le sabre laser n’est plus une arme: il devient une source lumineuse. L’enseignant n’est plus un général: il est un guide. Et la classe se transforme petit à petit en un espace où l’on respire mieux.

Si ce sujet polarise autant, c’est parce que chacun porte son propre vécu. Certains ont été marqués par des figures d’autorité rigides et voient dans la relation une forme de fragilité. D’autres ont souffert d’un manque de structure et perçoivent la gestion comme une sécurité essentielle. Certains entendent “relation avant gestion” comme un abandon des règles, alors que ce n’est pas du tout le propos. D’autres y voient une critique du passé, alors que l’intention n’est pas de juger mais d’évoluer. Ce que je souhaite, profondément, c’est qu’on comprenne que la gestion fait fonctionner la classe… mais que la relation fait grandir les êtres humains. Les deux sont nécessaires, mais pas dans n’importe quel ordre.

Et si, au lieu d’opposer ces deux forces, on les réconciliait? Après tout, nous enseignons à des humains, pas à des comportements. Chaque élève est une galaxie avec ses collisions, ses éclats, ses zones d’ombre et ses soleils. Notre rôle n’est pas d’éteindre les tempêtes, mais d’être le phare qui rassure pendant qu’elles passent. Nous pouvons être structurés et compatissants, exigeants et humains, organisés et profondément présents. La classe n’a pas besoin d’un soldat. Elle a besoin d’un Jedi.

Et même les Jedi se trompent. Même eux doutent, ajustent, recommencent. Mais ils restent. Ils écoutent. Ils accompagnent. C’est ça, enseigner avec la Force.

Alors oui, ce sujet est polarisant. Oui, il vient ébranler certaines habitudes et remettre en perspective certaines pratiques. Mais si cette discussion permet à un seul élève de se sentir réellement vu ou à un seul enseignant de se sentir moins seul, alors elle mérite d’exister. Parce qu’au cœur de tout cela, au-delà de la gestion et de la relation, il reste ce qui compte vraiment: l’humain.

Profondément humain.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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