Cette semaine, j’ai eu un petit moment qui vient te brasser le canadien… pas fort, juste assez pour te rappeler que le métier d’enseignant, c’est surtout une histoire de confiance. Pas de notes. Pas de quiz. Pas de tableaux Excel. De confiance.
J’ai découvert que quelques élèves avaient triché à des questions de lecture et de quiz. Rien pour écrire à l’ONU… mais assez pour faire lever un sourcil. Assez pour sentir ce petit « ah… dommage » dans le fond du cœur.
Et assez pour me dire qu’il fallait que je prenne le temps de l’écrire. Parce que l’éducation, ça se passe aussi dans les fissures.
Tricher, ce n’est jamais juste « tricher ». C’est une émotion mal gérée. Une peur de ne pas être assez. Un doute qui prend trop de place. Un réflexe pour éviter l’inconfort de se tromper.
Et honnêtement? Ça me touche toujours un peu plus que je le voudrais.
Dans ma classe, on travaille en compétences. Pas en punitions. Pas en numéros. Donc non, personne n’a eu un zéro.
Mais il y a quelque chose d’invisible qui, lui, a bougé: ma confiance.
Et quand elle bouge, ça parle.

Alors j’ai écrit aux parents. Pas pour blâmer. Pas pour pointer du doigt. Pour dire :
« On a un petit accroc dans la relation. Rien de grave. Mais assez important pour qu’on le répare ensemble. »
Je veux qu’on se comprenne: je ne veux pas que ces élèves se définissent par cette erreur-là. Je veux qu’ils apprennent à la regarder en face sans s’écrouler. Je veux qu’ils comprennent qu’on ne construit pas sa valeur avec une bonne réponse copiée, mais avec un effort authentique, même maladroit.
Dans les prochains jours, je vais prendre un moment avec eux. Pas pour faire la morale. Pour remettre les choses droites. Pour rappeler que l’honnêteté, ce n’est pas un concept: c’est une posture.
Et surtout pour leur redire une chose qu’on oublie trop souvent :
Tu n’as pas besoin de tricher pour être à la hauteur. Tu l’es déjà. Montre-le simplement.
À mes élèves qui ont triché parce que je sais que vous allez lire ça:
Je ne suis pas fâché.
Je ne suis pas déçu.
Je suis juste là.
Et je veux qu’on continue ensemble, mais vrai. Avec vos forces. Avec vos faiblesses. Avec vos efforts. Pas ceux de quelqu’un d’autre.
On efface la craque.
On repart.
On grandit.
Et on n’oublie jamais: la vraie compétence, celle qui compte pour vrai, c’est d’être honnête avec soi-même.
Le cancre qui a déjà créé des fissures.