Il y a des mots qu’on n’ose pas trop prononcer, même quand ils brûlent dans la gorge. Dans ma famille, il y a un narcissique pervers. Un de ces êtres qui savent manipuler la lumière pour mieux se nourrir de nos ombres. Pendant longtemps, j’ai essayé de comprendre, de réparer, d’expliquer, de trouver “la bonne manière” de faire. Comme si l’amour pouvait suffire. Comme si la patience pouvait guérir quelqu’un qui ne veut pas comprendre qu’il blesse.
J’ai mis des années à accepter une vérité toute simple:
on ne peut pas sauver quelqu’un qui ne se remet jamais en question.
J’ai compris avec l’aide d’un psy que rompre un lien, surtout un lien de sang, ce n’est pas un geste impulsif. Ce n’est pas non plus de la vengeance. Ce n’est surtout pas de la faiblesse.
C’est un acte de survie.
Et parfois, c’est même un acte d’amour pour moi, pour ma santé mentale, et pour ceux qui nous entourent.
J’ai été longtemps prisonnier du doute. De la culpabilité. De ce petit murmure intérieur qui dit: « Ce n’est quand même pas si grave…c’est ta famille…tu devrais être capable d’endurer… »
Mais endurer, ce n’est pas vivre.
Endurer, c’est se perdre et je n’ai pas envie de perdre ma santé.
Aujourd’hui, je sais mieux reconnaître les jeux de pouvoir, les faux compliments, les manipulations déguisées, les attaques masquées sous le vernis du “je fais ça pour ton bien”. Je sais aussi reconnaître la colère lente qui s’installe quand on se rend compte qu’on a été loyal à quelqu’un qui n’a pas l’intention de l’être en retour.
Rompre, pour moi, n’a pas été un choix facile.
Mais ça été un choix nécessaire.
Un choix qui a rallumé ma lumière intérieure.
Ce qui me blesse encore parfois, ce n’est pas la rupture elle-même: c’est tout ce que j’ai dû accepter avant d’y arriver. Toutes les années où je me suis questionné, où j’ai douté, où j’ai cherché la paix dans un terrain miné.
Je sais que je ne suis pas seul.
Dans nos familles, dans nos écoles, dans nos communautés, il y a des gens qui traversent la même réalité dans le silence. Alors je veux le dire haut et clair:
Tu as le droit de te protéger.
Tu as le droit de mettre une limite.
Tu as le droit de t’aimer assez pour dire stop.
Couper un lien toxique, ce n’est pas manquer de compassion.
C’est refuser de se sacrifier.
Et aujourd’hui, même si la cicatrice existe encore, je marche plus léger. Je vois mieux. Je respire mieux. Je me choisis et je choisis ceux qui, réellement, avancent avec moi.
Ce n’est pas un texte de rancœur. C’est un texte de renaissance.
Parce qu’au bout du compte, il y a quelque chose de plus fort que la peur :
la liberté d’être enfin soi-même.
Fred