Raconter pour libérer

Je reçois périodiquement des questionnements sur les raisons qui me poussent à écrire semaines après semaines. Je vais répondre ceci: Je ne suis pas un coach d’enseignants. Je ne suis pas un influenceur. Au fait, plus j’avance, plus je me rends compte que je n’ai jamais voulu l’être. Vous voulez comprendre mon WHY? Mon souhait le plus profond, c’est raconter. Raconter la vraie vie d’une classe, les moments qui nous surprennent, les fissures qui nous révèlent, les maladresses qui nous humanisent. Raconter ce que le métier fait de nous, et ce que nous faisons du métier en retour. C’est ce partage qui m’anime. C’est bâtir des ponts entre les silos qui me motive.

Quand je partage une histoire, ce n’est pas pour dire quoi faire, ni comment faire. C’est pour que quelqu’un, quelque part, se sente un peu moins seul avec ce qu’il vit. Parce que l’enseignement, malgré tous les discours qu’on entend, reste un métier profondément humain, fragile, qui demande de s’exposer autant qu’il demande de transmettre. Et ça, personne ne nous y prépare vraiment. Si tu es une personne sensible, tu dois surement comprendre.

Je refuse d’avoir la posture d’un expert qui sait tout. Je ne serai jamais un “guru” pédagogique qui distribue des solutions comme des recettes miracles. Je refuse aussi l’étiquette d’influenceur parce que ce mot laisse croire à une distance, un personnage, une version polie et optimisée de soi-même. Je n’ai pas envie d’être ça. Je préfère être un enseignant qui doute, qui cherche, qui se trompe parfois (même souvent), mais qui avance avec un peu plus de lumière que la veille.

Dans tout ce que je publie, dans ce que j’écris, dans ce que je raconte, il y a une seule intention: ouvrir la voie à une pédagogie plus humaine. Une pédagogie où la compassion n’est pas un extra, mais un réflexe. Une fondation pédagogique. C’est une pédagogie de relation. Mon premier outil. Une pédagogie où l’on peut dire “je ne sais pas”, “je me suis trompé”, “j’ai appris quelque chose aujourd’hui grâce à mes élèves”.

Si je raconte, c’est pour normaliser la vulnérabilité. Pour montrer que la force ne vient pas de la perfection, mais de l’ouverture. Pour rappeler que derrière chaque porte de classe, il y a un professeur qui fait de son mieux, avec son histoire, ses limites, ses joies et ses tempêtes. J’aime raconter et entendre ces histoires imparfaites. Ça me fait du bien.

Je ne cherche pas l’influence, mais la résonance. Je veux que mes mots deviennent un espace où d’autres enseignants peuvent souffler, réfléchir, se reconnaître et se dire : “Ok… je ne suis pas fou. Je ne suis pas seul. On peut faire autrement.”

Raconter son métier, c’est libérer les autres du poids de devoir prétendre. C’est offrir une permission douce: celle d’exister pleinement comme humain d’abord, enseignant ensuite.

Et si je continue d’écrire, de parler, de créer, c’est parce que je crois encore (peut-être naïvement, peut-être courageusement) que l’éducation peut se transformer à travers quelque chose de simple: notre humanité assumée.

Il est là mon WHY.

Publié par Mr Friday

Je suis enseignant, conférencier, podcasteur et animateur. L'humain me fascine. Mes expertises sont la gestion de classe compatissante et le savoir-être.

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