Le 13 mars 2020, on entrait dans un long tunnel. Les dirigeants et les membres du personnel scolaire entraient dans une phase difficile. Bulles de classes, masques, classes qui ferment, cours en ligne et classes hybrides. Oui la tâche s’est complexifiée. Oui on s’en souvient!
Enfin avec les assouplissements, le 13 mai 2022, j’étais convaincu de voir LA lumière au bout du tunnel, mais dans ma classe, c’est un mur que nous étions sur le point de frapper. L’écart entre les élèves performants et les fragiles s’allonge. Une crise mondiale s’accentue avec la guerre en Ukraine. Le prix de la nourriture a encore subit une discutable hausse sans oublier le prix de l’essence qui exerce une énorme pression sur les familles moyennes. J’ajouterais même la hausse du taux directeur. Cette véritable crise exerce une pression sur les familles québécoises. Le stress des parents ont un véritable un impact sur les jeunes dans ma classe. Mes jeunes arrivent tracassés et fatigués. Oui, la charge émotionnelle a un impact sur la performance de mes élèves. Non, le certificat cadeau de 500$ n’a pas été suffisant pour donner un soupir de soulagement. La pression existe encore et on nous dirige tout droit vers le mur de la récession puisque le marché s’emballe, l’inflation pousse à ralentir l’économie.
Serons-nous dans une phase où les besoins humains seront de plus en plus urgents? Le chômage reviendra-t-il à la hausse? Où en sera la capacité des familles de payer? Pourquoi je parle de tout ça?
Parce que l’émotion est en relation directe avec l’apprentissage, la compassion sera plus que nécessaire pour traverser cette étape difficile que nous allons vivre. Oui les profs devront être à l’écoute des besoins des élèves, mais devons-nous tout d’abord prendre soin d’eux? Devons-nous avoir une certaine stabilité émotive avant d’être signifiants aux besoins de l’élève? Voici quelques pistes à suivre pour être efficace.
Établissez un climat propice pour se donner le droit de se tromper.
L’erreur est humaine. J’ai déjà lu que nous sommes parfaitement imparfaits. Encouragez autant les bons coup que les erreurs et favoriser les erreurs a pour effet d’avoir un climat de confiance. Mes élèves et moi sommes ici pour apprendre. J’ai appris qu’on ne perd jamais. Soit on gagne, soit on apprend. Soyez les premiers à reconnaitre vos erreurs. Dans la gestion de classe, il m’arrive encore de porter de mauvais jugements ou de prendre une mauvaise décision. Ouvrir le droit à l’erreur veut aussi dire donner raison à un élève sur une de nos mauvaises décision. Il a ainsi le sentiment d’être écouté.
Refusez l’abandon.
Je sais, ça peut paraître paradoxal mais ce ne l’est pas. Dans l’optique que l’échec est un pas de plus vers la réussite, l’abandon est une mauvaise décision, car c’est la preuve que nous n’avons pas essayé. C’est contraire au progrès. L’abandon est le piège du succès. Des échecs dans mon parcours scolaire j’en ai eu. Le cancre que j’étais ne m’a pas empêché de devenir un enseignant. L’échec est plus précieux que le succès. Voici une courte video expliquée par Bruno Blanchet à ce sujet.
Sortez de la boite
La boite c’est votre classe. Soyez curieux. Intéressez-vous à vos élèves. Jouez avec eux. Discutez avec eux. Soyez disponibles. Visitez leur univers. Sortir du cadre vise la reconnaissance de l’élève. Peut-être que Julien n’est pas bon en math, mais il est un excellent joueur de soccer.
Je vous raconte une histoire. Il y a de cela quelques années, j’avais la pire peste dans ma classe. Il était un leader négatif, il ne respectait pas les règles. À lui seul, il ruinait le climat de classe. Un samedi d’hiver, alors que j’allais faire du jogging à l’aréna de ma ville, je suis tombé nez à nez avec lui. Surpris de me voir, il m’a spontanément demandé si j’étais venu le voir jouer. J’ai menti. J’ai dit oui. Je suis resté pour le voir jouer. Le lundi suivant j’avais un nouvel élève. Il était respectueux, et positif. Ce simple geste accidentel de ma part allait changer le climat de classe. Il était devenu le leader positif. Je sais je n’invente rien mais ce hasard venait de changer littéralement l’ambiance de ma classe. J’avais reconnu le jeune. Ce jour là à cette partie de hockey, c’est moi qui avait »scoré ».
Think Love.
Alors que, sans nommer de noms, je partageais une situation difficile avec mes élèves, j’ai reçu une leçon extraordinaire de mon ami massothérapeute. Pendant qu’elle me prodiguais des soins, elle m’expliquait que lorsque l’on vit une situation difficile où des élèves n’écoutent pas. Je n’ai qu’à les regarder avec le sourire et de leur envoyer de l’amour en me disant 3 fois que je les aime en attendant sagement que la magie s’opère. Vous serez surpris du résultat. Les élèves se calment automatiquement. Oui cette technique fonctionne. Depuis ce temps, je me sert de ce message comme mantra.
Ajouter de l’empathie dans votre gestion de classe! C’est payant!
Chaque journée est différente. Notre humeur est comme un battement de coeur. Il y a des haut, et il y a des bas. Nous vivons nous aussi les mêmes émotions que nos élèves. Difficile à avouer mais je dois vous dire que l’enseignant est le baromètre de sa classe. Sachant que, ce que tu portes attention, prend de l’expansion, en focussant sur le négatif, je construis du négatif et mon monde sera représenté par le négatif. Par contre, si j’accueille mon émotion et que j’ai cette sagesse de croire que le négatif n’est qu’une phase, il me sera plus facile de m’ouvrir à l’énergie positive des autres. Sachant que l’émotion négative n’est qu’une phase, une gestion de classe emphatique s’impose. L’empathie est une belle manière de faire une connexion durable avec avec l’élève et surtout le parent. L’ouverture à l’empathie est une belle manière d’entendre ce qui se passe pour cibler plus efficacement les besoins.
Soyez présents
Il n’y a rien de statique à être présent. Les interventions ciblés demandent du mouvement. Il est impératif de marcher sa classe. Chez moi, être présent a aidé à réduire ma gestion des comportements difficiles de 75%. Marcher sa classe, c’est vivre et s’imprégner de l’énergie de celle-ci. Ça aide à éviter les débordements. Être présent, c’est être vu.
Illuminer la vie d’une personne.
Principe universel ici. Donner c’est recevoir. Personnellement, j’adore rendre les autres heureux. Ça fait du bien. Ça donne du bonheur. Sourire, c’est illuminer la journée d’une personne. Prêter sa chaise, c’est prêter son confort. Diner avec un(e) élève, c’est nourrir le respect. Offrir un chocolat chaud, c’est offrir réconfort. Vos élèves ne se souviendrons pas de la matière enseignée, mais de ce privilège de vous avoir eu comme enseignant.
Jouer
C’est un fait. On passe plus de 80% de notre temps au travail. Même à la maison on est parfois au travail. En ayant un métier aussi prenant, est-il possible d’avoir du plaisir? Les enseignants qui trouvent que la tâche est lourde, vous avez raison. J’ai quand même une question pour vous. Combien de minutes par jour accordez-vous au jeu dans votre classe? Riez-vous avec vos élèves? Chantez-vous avec eux? Est-ce qu’il vous arrive de lâcher votre fou en leur présence? Essayez pour voir! Perso, il m’arrive de jouer le et de chanter des chansons (connes)! Rire et jouer augmente votre pouvoir d’attraction. Oui rire avec l’élève est une technique pour connecter.
Je n’ai rien inventé. J’ai appris des autres. Je me suis mis en action. Après lecture de ce texte, ne restez pas les bras croisés. Faites un pas de l’avant. Essayez de mettre en application ne serais-ce qu’un des paragraphes de ce blog. Surtout gardez le cap. N’abandonnez pas. Soyez patients. Le changement, bien que naturel, demande des efforts. L’effort fait les forts!